Bonjour !

C’est en quelque sorte un petit fash back sur un séjour vécu il y a deux ans que je vous invite à faire aujourd’hui ! Du 27 au 31 Août 2016 je préparais un “séjour surprise” à mon Amoureux, qui, comme le principe laisse entendre, ne savait pas où nous allions ! Au programme : quatre jours dans le Chartres “Vintage & Insolite” !

Les beaux jours et les préparatifs des grandes vacances d’Eté arrivants à grands pas, je me suis dit que cet article pourrait peut être apporter des idées/envies de séjour dans notre belle France !

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La Maison Picassiette, c’est pas là !

Comment passer à côté de la Maison Picassiette lorsque vous vous rendez à Chartres !

Là aussi c’était une surprise je n’avais pas dévoilé à mon Amoureux ce que nous allions visiter (J’adore les surprises, mais j’aime encore plus en faire je crois !)

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Bienvenu chez Picassiette !

Chef d’oeuvre de l’Art Brut, constitué de mosaïque de verre et de faÏences coulées dans le ciment, réalisée entre 1937 et 1960 par Raymond Isidore dit Picassiette

Pour tout vous dire, la première fois que j’ai entendu parler de l’oeuvre de Picassiette c’était lors de mes cours d’Histoire de l’Art au lycée, nous travaillions alors sur l’Art Brut, à ce moment là j’avais adoré et admiré cette performance d’une vie et m’étais dit que je devais absolument voir ça de mes yeux un jour ! C’est en quelque sorte un rêve que j’ai réalisé, et je suis très heureuse de l’avoir partagé avec mon compagnon.

Raymond Isidore dit Picassiette
Raymond Isidore dit “Picassiette” (8 Septembre 1900 – 7 Septembre 1964)

Un peu d’histoire…

Raymond Isidore (dit Picassiette) est né le 8 Septembre 1900, balayeur de cimetière pour faire vivre sa famille; l’oeuvre de sa vie, c’est sa maison réalisée entre 1937 et 1960.  Il construit d’abord sa demeure, puis décide de la décorer de mosaïque à l’aide de morceaux d’assiettes, de verre… récoltés un peu partout, entre autre dans les décharges publiques, ce qui lui vaut son surnom et nom d’artiste : “Picassiette” (Pique-assiette). Il est perçu comme un marginal un peu dérangé dans la région, mais suscite l’intérêt des curieux, ainsi il connait une médiatisation dans les années 50, lui valant de nombreux articles de presse.

L’artiste connait une fin de vie troublée par des délires et troubles mentaux. Un soir il s’enfuit de chez lui persuadé de la fin du monde et meurt peu de temps après le 7 Septembre 1964.

Depuis 1983, sa maison est classée monument historique et se visite par des personnes du monde entier. C’est aujourd’hui un chef d’oeuvre incontournable et référent de l’Art Brut (ou Art Naïf) dit l’Art des fous.

Afin de conserver ce trésor les restaurateurs oeuvrent en utilisant uniquement des éléments d’époque rassemblés et stockés par Isidore, il n’est pas autorisé d’utiliser de pièces rapportées ! Ainsi l’oeuvre est conservée et l’histoire peut continuer d’exister.

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Espadrilles hand made en Granny Square pour visiter la Maison Picassiette !

Nous avons séjourné en plein centre ville de Chartres, et pour nous rendre à destination, pas besoin d’avoir des roues, la Maison Picassiette est l’occasion d’explorer la ville, de plus le parcours vers la maison est très bien marqué et fléché (la preuve ci-dessus avec ces marquages au sol en mosaïque) il faut compter un bon 20 minutes de marche depuis le centre ville si mes souvenirs sont bons, donc vous voyez pas besoin d’être véhiculé !

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Maison Picassiette – 22 rue du Repos à Chartres

Lorsque vous vous trouvez face à cet édifice, car plus qu’une demeure, c’est un véritable édifice, c’est un sentiment tout à fait particulier qui vous tient le coeur, de petits morceaux d’émotions se tenant la main en farandole tapissent le moindre centimètre carré. Des parcelles de hasards arrangés au gré d’un imaginaire relevant du merveilleux.

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Maison Picassiette – Chartres

C’est en spectateurs mais aussi acteurs que nous investissons ce chef d’oeuvre. En pleine conscience de sentir sous nos pieds les doigts qui ont caressés cet espace-temps.

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Maison Picassiette – Chartres

Si l’on parle de l’Art Brut comme l’Art des fous alors cet endroit est un asile…

 un asile de couleurs

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Cuisinière de la Maison Picassiette
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Cuisine et salle à manger de la Maison Picassiette
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Buffet de la cuisine-salle à manger de la Maison Picassiette
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On passe à la chambre ?
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Machine à coudre version Picassiette
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Maison Picassiette – Chartres
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La petite Chapelle
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La Joconde vue par Picassiette
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Henri Désiré Landru vu par Picassiette

Landru (1869-1922) alias “Barbe Bleue de Gambais” est un tueur en série célèbre des années 10 dont l’affaire a terrorisé les villes. Le fait de voir cet homme ainsi réalisé nous indique l’ampleur de l’affaire Landru à l’époque !

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Contre jour coloré et texturé
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Maison Picassiette – Chartres
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Maison Picassiette – Chartres
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Trône de mosaïque

Je me demande si Picassiette associait le terme de “collection” à cette accumulation, car l’accumulation de mêmes éléments dans un espace donné impose une forme de collection non ?

De même qu’il cherchait à dénicher des morceaux et peut être parfois des couleurs particulières pour compléter une série, un camaïeu ?

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Un morceau de Paris
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Cocorico

Cette façon de mettre en scène des éléments du quotidien donne un soupçon d’humour mais aussi de nostalgie. L’omniprésence du “fragment” comme mot clé agit irrémédiablement sur l’âme. Nous pouvons à la fois nous projeter à l’instant de la réalisation, nous imaginer regarder l’homme en pleine action mais aussi laisser place à la réminiscence, comme une madeleine de Proust, voir dans un morceau d’assiette un “fragment” de notre propre existence.

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Martini

On peut également voir en cet effort et travail acharné une forme de quête spirituelle, la forte présence du thème religieux donne à voir un Art du vitrail revisité, comme une bande dessiné raconte une histoire, ces brisures de vaisselle forment presque des paraboles bibliques sur un ton abstrait.

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Trompettes du passé

Ces becs de théière semble vouloir jouer au passe muraille, cela dit, une belle idée à garder pour fabriquer des portes torchons pour la cuisine

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Souvenirs d’enfance
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Une tasse de thé ?

Prisonniers du ciment, les vestiges sont archéologiques, chacun peut faire sa brocante, de l’Art Nouveau par-ci, de l’Art Deco par-là, du Digoin en haut, de la Sarreguemines en bas, du Limoges devant, de la barbotine dernière… je ne pouvais m’empêcher de penser à la beauté de certains plats lorsqu’ils étaient entiers !

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Santons et morceaux de verre

Par moment il semblerait que nous nous soyons noyés dans un kaléidoscope géant

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Crème Takalon
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Culs de bouteilles
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Maison Picassiette – Chartres
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On passe au jardin, tout aussi décoré

Le jardin laisse une place à la nature, la végétation semble presque ressentir la Passion de l’endroit, les pointes de couleurs du moindre pétale sont des réponses à l’oeuvre humaine.

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Pas besoin d’aller à Paris pour voir la Dame de Fer, ici nous dirons plutôt la Dame d’Assiette

Une Tour Eiffel presque aussi folklorique que l’originale

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Maison Picassiette – Chartres
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Les arbres fruitiers de Picassiette
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Les nénuphars de Picassiette
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Maison Picassiette – Chartres
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Maison Picassiette – Chartres
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Maison Picassiette – Chartres
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Maison Picassiette – Chartres
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Maison Picassiette – Chartres
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Coupure de presse à propos de Picassiette et son oeuvre

Chaque petit élément de la nature, feuilles, pétales, tiges, pistils, étamines… sont déjà des détails d’une poésie que l’on égalera jamais, malgré cela le mystère et la force étrange qui se dégage de ce lieu est un appèle à l’humilité, car certes c’est de l’admiration qu’il suscite, mais je ne vois pas une once d’orgueil ou de prétention. La spontanéité, la simplicité, la candeur du geste en font un lieu d’une profonde beauté. On peut lire les lignes de vie de cet homme, ses forces, ses faiblesses, ses croyances et ses peurs.

Je comprends mieux pourquoi les gens voient la folie chez les personnes qui s’expriment.

Evidement il faut être sage, ne pas parler fort, ne pas faire de grands gestes, ne pas montrer du doigt, être discret, discipliné, savoir se tenir, ne pas raconter sa vie, ne pas dire “moi je”… mais avec tout ça il faut bien trouver une façon de s’exprimer, une façon de se raconter, jusqu’à notre dernier souffle nous sommes des oiseaux enfermés dans des cages (citation de Saadi : “Les morts ne sont que des cages dont les oiseaux sont partis”) ainsi le petit oiseau derrière nos côtes, si l’on accepte de l’entendre, chante, et cette mélodie doit à tout pris trouver un moyen d’être partagé, puisque sans les autres nous ne sommes rien, puisque notre but est de donner la vie et transmettre. Même si parfois cela peut sembler un peu fou, voir bête, il est bon de laisser chanter l’oiseau qui est en nous. Libre à chacun de trouver le média par lequel il pourra dans le respect de tous, chanter.

 

LIENS :

Préparer sa visite : https://www.chartres.fr/sortir-a-chartres/culture/maison-picassiette/

Vidéo des archives de l’INA : http://www.ina.fr/video/CAB95025014

 

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