Bonjour !
Il était une suite… avec des semaines d’intervalles certes, mais voici la deuxième partie et fin.

Alors nous en étions restés sur les produits bronzants qui permettaient d’imiter le voile des bas au cours de le restriction textile des années 40.

Dès 1939 Marie-Claire présente et décline des montures de lunettes de soleil, cette tendance opère un basculement qui accompagne naturellement la tendance du hâle.
Les années 30 sont la période émergente du bronzage. Le nudisme, le sports, le scoutisme vont aider à mettre en valeur les bienfaits du soleil.
Cette “nouvelle peau” pose la question d’un certain métissage. Cet enjeu du bronzage comme métissage est perçu d’un mauvais oeil est perçu d’un mauvais oeil par certains. “Nos baigneuses d’aujourd’hui tiennent à ressembler à Joséphine Baker, elles s’adressent aux techniciens du métissage pour se bronzer la peau…” -Paul De La Magdeleine-
On parle de perte pigmentaire, ce qui ne dérange pas les commerciaux, bien au contraire. Certains instituts de beauté proposent des teints aux noms exotiques, plutôt réservés à une clientèle blanche et excentrique.
Le verbe bronzer est accepté dans le dictionnaire en 1928 mais ignore le “bronzage”. “Le soleil d’Afrique bronze la peau”.
Plusieurs événement invite le bronzage à la fête au cours de cette période… comme la Revue Nègre de 1925 et l’exposition coloniale de 1931, l’image du colon qui est l’homme nouveau et édifie le monde de demain.
Le Légionnaire titre de 1936 – “Qui sentait bon le sable chaud”

Chap. 6 – JOUIR
La notion de loisir implique un espace de visibilité croissant. Les vacances en France renvoie à l’institution (vacances judiciaires, universitaires). Le terme de “congés” en France c’est donner congé à un ouvrier à un ouvrier, un employé…
Les premières vacances vont aux fonctionnaires et ont une notion laïque, une forme d’autorisation de dépenses. La pratique des congés payés est une révolution culturelle. En France à la veille de la Première Guerre Mondiale les congés scolaires de l’été s’étendent de la mi-Juillet au 1er Octobre. Cela permet aux enfants d’agriculteurs de joindre pendant l’été leur force au travail à celle des adultes mobilisés pour les travaux des champs et des vignes.
Le temps faisant, la société des congés payés est de plus en plus urbaines, le travail gratuit est boudé, on est de plus en plus déconnecté de l’espace domestique rurale.
Du côté des Elites on sait depuis toujours ce que “loisir” veut dire. (Ex: activité sportive)
Tous les sports n’exposent pas leurs pratiquants au hâle (exemple l’escrime) à la différence de l’alpinisme, le canotage, le tennis, le golf, la bicyclette, la natation, sport d’équipe en extérieur… c’est la libération du mouvement, du corps…
La pratique sportive justifie le teint hâlé, à la fois comme effet et preuve !
Les publicités solaires associent souvent la pratique sportive au hâle. (Ex: la crème Onctelio “Indispensables à la pratique de tous les endroits de plein air).

Emancipation
En l’espace de vingt ans la femme est passée d’une tenue de bain hyper couvrante à un bikini (Louis Réard 1946) autrement dit le plus couvert, le plus protégé, le plus pudique des deux sexes. On peut donc parler d’une forme de libération et d’émancipation de la femme à travers son propre corps.
C’est au cours de cette période que les femmes en adoptant ces formes de liberté de peau et de corps abandonnent le corset et portent les cheveux courts. On note une démarche de recherche d’individualité, un désir de non conformisme et d’un autre côté aidé par les personnalités populaires: l’interdits devient la modernité. C’est tout le sens des coups d’éclats parisiens du couturier Paul Poiret, en 1906, pour le corset, et du coiffeur Antoine en 1919, pour la nouvelle coupe de cheveux féminine. La renonciation du corset est un symbole bien plus grand qu’un chapitre incontournable dans l’histoire de la mode et du costume, c’est un chapitre de notre Histoire à tous. Au sens propre comme figuré le corset enveloppe un symbole, une maitrise féminine sur son propre corps mais aussi sur sa vie. Le symbole sexuel et sa position par rapport à l’homme passe après à mon sens, c’est avant tout pour elle que la femme choisit cette souplesse de corps et d’esprit. En ça le dénudement est justifié et logique.
La coupe de cheveux prend un axe différent, d’abord elle est visible et touche au visage ! C’est un affichage de la personnalité et un “acte symbolique” qui se porte, un acte jugé violent : “Se (faire) couper les cheveux”, mais un acte libérateur et aussi un argument légitime à la contribution des femmes à l’effort de guerre à l’arrière. D’ailleurs le nouveau visage de la femme est assimilé à celui de la guerrière Jeanne d’Arc, la canonisation de celle-ci est saluée en 1920 avec la coupe dite à “la garçonne” (Roman de Victor Marguerite 1922) mais qui fut d’abord dite “Coupe à la Jeanne d’ Arc”. Comme toujours les phénomènes sociaux tirent leur force de leur capacité à associer plusieurs plans de justifications.
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Comme chaque histoire si je vous en dévoile la fin l’entreprise du début est moins évidente… donc je vous laisse le plaisir de découvrir l’ouvrage dans son intégralité si le coeur vous en dit en en faisant la lecture !
L’Invention du bronzage
Essai d’une histoire culturelle
Pascal Ory
Editions Flammarion – Collection Champs
Edition 2008 – 2018
Je vous retrouve dimanche avec un article sur les trouvailles chinées récemment !
Bonne fin de semaine et bon week-end !
Arlette.