Bonjour !
Un nouveau “Carnet d’Expo” avec une exposition se tenant au Musée de Cluny alias Le Musée du Moyen-Age de Paris :
“Magiques Licornes”
Jusqu’au 25 Février au Musée de Cluny – 28, rue du Sommerard 75005 PARIS

Bon alors ce n’est pas bien malin de ma part car j’ai décidé d’y aller un mercredi… et que le mercredi c’est le jour des enfants ! Alors d’un côté c’était adorable de voir et d’entendre l’extase des petits en voyant les illustrations et les “cornes de licornes”, mais bon du coup il y avait du monde… mais je savais qu’en y allant un mercredi je devais m’y attendre donc je ne vais pas me plaindre !

Dans cet article je ne vais pas vous faire un compte-rendu hyper théorique sur l’histoire de la licorne (éthymologie, origine…) simplement des petites notes assorties de photographies. Le but étant de rêver un peu aussi !


Dans les années 1500 la licorne est à la mode, ce qui est assez amusant en voyant l’engouement pour cette créature ces deux-trois dernières années ! Il serait intéressant de voir si des similitudes peuvent supposer la cause de cette tendance : contexte historique et politique ? Besoin de rêver ? (Je penche pour ça)

Dans cette première salle c’est vraiment excellent de pouvoir glisser un oeil dans ces manuscrits !



Au cours de son pèlerinage vers 1483, Breydenbach prétend avoir croisés des animaux pour le moins exotiques (ce qui pour l’époque va de soi) des girafes, des dromadaires… mais aussi un singe à tête d’homme et une licorne ! Ce récit va renforcer les croyances autour des licornes.
Serait-ce par une mauvaise traduction ou pour tout autre motif, le terme licorne apparaît plusieurs fois dans la Bible. Alors la traduction de l’époque hein ! Ne cherchez pas le mot licorne dans la Bible actuelle vous ne le trouverez pas ! Sinon j’aurais surement fait un exposé là dessus en cours de catéchisme !
“Logo” de la marque d’un imprimeur parisien Thielman Kerver qui choisit deux licornes de part et d’autre d’un arbre où pend un écusson. Déjà beaucoup de détails alors que nous ne sommes que sur les prémices de l’imprimerie (invention 1454). Ici l’impression date de 1501. Je ne me rends pas compte mais je trouve ça incroyable autant de finesse pour un procédé récent à l’époque !



Pendant des siècles il y eut un véritable commerce de la corne de licorne ! Chaque royaume voulait sa corne tel un talisman sacré. Et ce n’est rien de le dire puisque la licorne est l’animal que l’on apparente au Christ.

Dent de narval attestée dans le trésor de l’Abbaye de Saint Denis à partir de 1495 – Ivoire de narval

“Wouahouuu ! De la fumée de licorne !” Oui, c’est ce que je me suis dit candidement au fond de moi même (oui je suis toujours une petite fille) parce que lorsque l’on se rend dans ce genre d’exposition c’est aussi parce qu’on a envie d’y croire. Bon très déçue parce qu’en fait ce n’est pas de la véritable fumée de licorne qui aurait été fossilisé… (tête de boudeuse) en vérité il s’agit de l’oeuvre de Sophie Lecomte faite en 2006 ! Ces “Fumées de licorne” sont réalisées en plâtre, Posidonie (plantes aquatiques à fleurs) et coquillages collés. Mais je suis certaine que la vraie fumée de licorne ressemble à ça. (On y croit)

Wouahou bis, là encore je me suis dit “Une véritable corne de licorne !” Non là je vous rassure je voyais très bien que ce n’était pas une corne de licorne (celle des licornes sont moins grandes- joke-). Il s’agit d’une dent de narval, un mammifère marin de la famille des baleines ! Autant vous dire qu’il vaut mieux être copain si vous ne voulez pas d’un deuxième nombril ! (Aïe)



Homme de lettres et créateur de spectacle, Jean Cocteau a participé à la création de nombreux ballets, depuis Parade en 1917. Le ballet de La Dame à la licorne, inspiré par la tenture conservée au musée de Cluny, est une oeuvre résolument européenne : chorégraphie suisse, premier rôle initialement tenue par une danseuse yougoslave, première à Munich. Le spectacle a connu quelques représentations à l’Opéra de Paris en Janvier 1959.

Lors des représentations données à l’Opéra de Paris, le rôle de la licorne est tenu par Liane Daydé, la danseuse étoile depuis 1951, tandis que le rôle de la dame est attribué à Claude Bessy, étoile depuis 1957.



Nous voilà dans la salle où se tiennent les tapisseries de La Dame à la Licorne !
La première chose qui m’a frappé c’est la taille ! On a tendance à oublier que l’usage premier de ces tentures était de parer les murs des salles de réceptions. Déjà dans un but esthétique, mais aussi informatif (armoiries, blasons, titres, batailles, victoires…). On se servaient aussi des tentures tapissées pour cloisonner des espaces (séparer une pièce en deux…) et c’était aussi très pratique à transporter, malgré la masse certaine de ces ouvrages, cela reste plus léger et plus simple à transporter que du mobilier solide !

Pour faire une petite présentation, il s’agit d’un ensemble de six panneaux, six tapisseries dont cinq représentent les différents sens, à savoir : le Toucher, le Goût, l’Odorat, l’Ouïe, la Vue et un une dernière tapisserie nommée “Mon Seul Désir” (on dit que cette tapisserie pourrait dévoiler un sixième sens peut être étaient ils précurseurs et avaient ils déjà connaissance de la perception extra-sensorielle !?) Il s’agit aussi d’une histoire, celle de la séduction de la licorne par la vierge. En effet, d’après la légende la licorne est attirée par le parfum de pureté que dégage une jeune fille pure, après avoir été ainsi séduite la licorne est chassée par les chiens et chevaliers. Bref, il y a une véritable lecture religieuse en parallèle qui est véritablement lié à l’histoire du Christ, mais je ne vais pas m’attarder là dessus.

Les tapisseries sont une commande d’Antoine Le Viste, commande réalisée entre 1484 et 1538. Elles sont faites de fils de laine et de soie et réalisées selon l’Art de la tapisserie. Au niveau des dimensions, les tapisseries sont toutes entre trois et quatre mètres de hauteur/largeur. J’ai trouvé un lien qui vous donne les dimensions exactes.

Il s’agit de tapisseries dites “millefleurs” qui reprennent toutes un thème sur fond de fleurs, végétaux, animaux… Ici mon oeil s’est porté vers ce charmant renard !


C’est drôle parce que je prépare la visite de cette exposition depuis peu mais j’avais anticipé en me plongeant dans le roman de Tracy Chevalier et du fait cela donne tellement de profondeur à la fiction qui s’inspire de fait historique évidemment, on retrouve la commande faites par les Le Viste etc… mais ça nous rapproche des personnages c’est une sensation vraiment unique.




Je vous invite vivement à poursuivre l’exposition en allant faire un tour dans les jardins entièrement libres d’accès.

L’organisation du square est une création contemporaine inspirée des jardins du Moyen-Age, dans lesquels les plantes étaient regroupées selon leur utilisation, potagère ou médicinale, dans des espaces aux contours géométriques. Construit par Pierre de Chalus, abbé de Cluny au XVIème siècle, l’hôtel de Cluny abrite aujourd’hui le musée national du Moyen-Age. Il repose sur les vestiges des thermes gallo-romains.

C’est un pur plaisir de s’installer dans ce jardin pour lire, écrire, se détendre, observer les plantes… vraiment je vous recommande vivement de prendre un temps pour vous poser quelques instants, c’est un petit voyage dans le temps et hors du temps !

La forêt est au Moyen-Age beaucoup plus proche de l’homme qu’elle ne l’est aujourd’hui. C’est un monde ambivalent où règnent les forces d’une nature non domestiquée : univers inquiétant des monstres, des animaux fantastiques, des hommes et des femmes sauvages y mènent une vie de plaisir, mais aussi monde protecteur où l’on peut venir se réfugier lorsqu’on est exclu de la société. Sous les grands arbres plantés au XIXème siècle (d’espèces bien postérieures au Moyen-Age) pousse la forêt de la licorne, au couvert végétal. Dans les sous bois de la forêt médiévale, nous trouvons : noisetier, sureau, cognassier, houx, néflier, le tout agrémenté de plantes couvre-sol de bulbes (narcisses, jonquilles, jacinthes des bois…).
Cette forêt est déterminée par des tressages de châtaignier, clôture appelée “Plessis” au Moyen-Age, typique des jardins de propriétaires modestes.
On peut imaginer le bestiaire médiéval se déplaçant dans ces bois enchantés, dans ce bestiaire les animaux domestiques (lapins, renards…) côtoient les animaux exotiques (singes, lions…) mais aussi les fantastiques (licorne).

Dans le jardin je n’ai pas vu de lapin, ni de porc-épic, mais vous pouvez trouver les végétaux cités d’après la saison en cours évidemment ! (Bon je n’ai pas vu de jacinthes sauvages par contre… peut être encore trop tôt !)

Bon quand j’aurais l’envie, j’attaquerais un jour une des tapisseries au canevas ! C’est fou, si les artisans qui ont réalisés les tapisseries savaient qu’aujourd’hui on s’amusait à faire du DIY sur leur réalisation, je suis certaines que ça aurait un effet hilarant sur eux, car vu les heures de boulot à côté on est des p’tits joueurs (enfin je parle de moi avec mes p’tits ouvrages carrément bidons à côté) ça force au respect, ça donne envie de s’appliquer et de s’investir dans des projets mais aussi ça force à l’humilité quand on voit le savoir-faire, la qualité, le temps, la finesse… pour certains cela aura été le travail de toute une vie ! Une vie entière sur ce seul grand projet, qui aujourd’hui avec la technologie serait expédié en un temps si dérisoire ! Je trouve ça vraiment incroyable !
Pour en savoir plus…
Sur You Tube
- Les mystères de la licorne, Intervention de Michel Pastoureau sur France Culture
- Reportage ” La quête à la Licorne” d’Emmanuel Laurent
Lectures
- “La Dame à la Licorne” de Tracy Chevalier (histoire romancée – fiction)
- “Les Secrets de la Licorne” de Michel Pastoureau – Historien
Je vous site les ouvrages et documents que j’ai moi-même lus/consultés mais évidemment en cherchant vous trouverez d’autres sources d’informations sur cet animal légendaire !
Bonjour Arlette,
merci pour cette visite du musée de Cluny et cette leçon d’histoire sur le fantastique !
Ce travail de tapisserie est magnifique.
J’ai lu, étant plus jeune, un roman historique qui se passe au Moyen Age “La Chambre des Dames” de Jeanne Bourin. Outre l’histoire des personnages, je me souviens qu’on est plongé dans cette période et qu’on participe à la vie des gens, commerçants, enlumineurs etc. Cela pourrait peut-être vous plaire…?
Très printanier ce petit carré de violettes du musée ! Cela me fait penser à une chanson interprétée par Micheline Day (1938) et accompagnée de Stéphane Grappelli et Django Reinhardt :
https://www.youtube.com/watch?v=dm47m_YKMnA
Et alors je viens de voir sur Instagram votre petit “chez vous”, c’est adorable et même si c’est ancien, c’est gai.
Vous avez gardé plein de trésors de vos grand-mères et vous avez bien raison. Quand elles ont acheté tous ces meubles et cette vaisselle avec leur amoureux, elles étaient jeunes comme vous et pensaient à chanter et à danser et à créer leur petit nid. Du coup, ces “vieux meubles” sont encore les témoins de la vie et de la joie.
A bientôt de vous lire et bon week-end !
Marie-Christine